A Liévin, les filles aimeraient suivre l’exemple des garçons

L’équipe féminine va pour la première fois accéder au Championnat de France des Clubs de D1 de Triathlon. Pensez-vous que Laurent SZEWCZYK, Président et Coach du Triathlon Club de Liévin, va aborder ce nouveau défi avec timidité ? Pas le genre de la maison ! Seul le Covid-19 pourrait l’empêcher de nourrir déjà des ambitions.

Quand est née la volonté de bâtir une équipe féminine de haut niveau ? Dès le titre en D3 en 2016 ? Plus tard ? Et qui a été le moteur de cette envie ? Les athlètes ? L’encadrement ?

La volonté de bâtir une équipe de haut niveau est venue suite aux départs de certaines filles après la seconde année en D2 ; le projet initial était d’y aller progressivement avec ce même groupe et de le renforcer mais ça n’a pas pu être le cas et donc, je l’avoue, j’ai été un peu blessé voire énervé par cette situation et j’ai donc décidé de prendre les choses à bras le corps et de frapper fort pour cette troisième saison de D2 : en plus de Sara GUERRERO qui est présente au club depuis le titre en D3, on a recruté Annabel WHITE, Milan AGNEW, Alicja ULATOWSKA (suite à sa perf au triathlon indoor) et on savait que l’on pourrait compter sur nos french girls Léa RICHARD, Elsa NOTEBAERT et Perrine GOLDMAN pour amener une véritable homogénéité dans ce groupe.

La 3ème place fin 2019 synonyme de montée en D1 a constitué l’accomplissement de l’objectif. Néanmoins, au vu des résultats enregistrés en début de saison, cette grande satisfaction n’est-elle pas teintée du regret de ne pas avoir décroché le titre ?

La montée en D1 chez les filles est une énorme satisfaction mais aussi pour moi une énorme frustration parce que ce groupe devait être Champion de France ! En effet, nous réussissons la course parfaite à CHATEAUROUX en remportant l’étape par équipe et en individuelle avec la victoire de SARA GUERRERO et les 2 superbes places de Léa RICHARD et d’Elsa NOTEBAERT, c’était parti ! 2ème étape à BESANCON où l’équipe a connu de multiples péripéties avec une grosse panne de véhicule, une arrivée tardive à l’hôtel, du stress par rapport au retour (les avions, les aéroports, …) mais elles ont assuré en terminant 2ème du contre-la-montre par équipe dans un contexte pas vraiment zen. A l’issue, nous restons toujours 1ères au général, et la frustration vient du changement de profil d’étape à MURET où, en raison du courant lié aux orages de la  veille, le triathlon est transformé en duathlon et quand l’équipe de MEAUX se présente avec 4 duathlètes expérimentées (qui terminent 1,2 et 3 au scratch). Au départ, ça change la donne, à l’arrivée, nous perdons le titre sur cette étape car nous savons que nous ne pourrons pas avoir la meilleure équipe sur la finale compte tenu du calendrier international ; j’aurais vraiment été curieux de voir ce que ça aurait pu donner sur un triathlon à MURET pour les filles (mais pas pour les garçons car eux avaient vraiment réussi la course quasi parfaite sur ce format duathlon en finissant 2ème à 1 petit point de Poissy).

Parlons de l’effectif. Il y a les filles du club, et il y a celles qui sont venues les renforcer. Peux-tu nous les présenter ?

L’équipe féminine 2020 sera composée de :

  • Léa RICHARD
  • Perrine GOLDMAN
  • Elsa NOTEBAERT
  • Cassandre HUCK (qui fait son grand retour !!!)
  • Justine GUERARD, (née en 1994, ex Metz et Poissy) qui fait partie des meilleures triathlètes françaises actuelles (4ème des France en 2019, 3ème en 2016) et qui a totalement adhéré au projet
Justine GUERARD lors du GP de Triathlon de Dunkerque
  • Marjolaine PIERRE (Sardines Marseille) qui a un gros potentiel à venir sur les prochaines années
  • Emma DUCREUX qui nous vient de DIJON et qui a à son actif plusieurs podiums sur les championnats de France jeunes (3ème junior en 2018)
  • Sara GUERRERO MANSO (Espagne) qui continue avec nous (et David CASTRO son petit ami)
  • Alicja ULATOWSKA (Pologne)
  • Kira HEDGELAND (Australie, née en 1998), 5ème des Mondiaux U23 en 2019, 5ème des Championnats d’Océanie (2ème U23) cette année, petite amie de Brandon COPELAND, que nous ne verrons pas cette année en raison du Covid-19 et du blocage des frontières australiennes
  • Lisa PERTERER (Autriche, née en 1991), championne d’Europe de duathlon 2020, victorieuse d’une manche de Coupe du Monde ITU, 10 podiums dans cette compétition entre 2011 et 2020, 4ème en WTS aux Bermudes en 2019, … La numéro 1 sur le papier de cette équipe.
Lisa PERTERER (à droite dossard n°51) lors de la WTS de Londres

En quoi l’accession en D1 a-t-elle modifié le recrutement ? Et comment penses-tu pouvoir situer Liévin à ce niveau ?

Elle a modifié l’effectif en ce sens que, pour moi, il était hors de question de faire l’ascenseur comme nous l’avions déjà vécu avec les garçons et aussi de par l’expérience acquise alors. Même si je n’ai pas encore l’expérience du championnat de D1 féminin, il m’apparaît plus facile de se maintenir en renforçant que de remonter directement. Maintenant, à la vue de l’effectif de notre équipe qui malheureusement ne pourra pas être au complet comme initialement prévu compte tenu du contexte sanitaire et incertain dans lequel nous nous situons, je pense que cette équipe a le niveau et l’ambition pour aller chatouiller les habituées du TOP 5 du classement général sur au moins une étape ; maintenant, à elles de le maintenir sur les 3 restantes !

A priori, quels seront, à l’entame de cette saison, les atouts de cette équipe ?

Les points forts de cette équipe sont une base solide avec des filles d’expérience du haut niveau comme Justine GUERARD en capitaine de route, Emma DUCREUX et Marjolaine PIERRE qui ont déjà évolué sur ce championnat. Sara et Alicja connaissent bien la mentalité du club et mes attentes, elles ont aussi une belle expérience au niveau international. Lisa PERTERER qui, comme je l’ai stipulé avant, apparaît comme la numéro 1 sur le papier. Elle devra montrer qu’elle sait s’adapter à ce championnat par équipe (ce qui change d’un championnat individuel) mais je n’ai pas de gros doute sur sa capacité d’adaptation. Quant à Léa, Elsa, Cassandre ou encore Perrine, quel plaisir de voir nos filles courir à ce niveau de compétition et quel plaisir de leur donner l’opportunité de vivre ces grands moments de sport et de convivialité (car ça aussi c’est important et ça, les garçons savent très bien le faire, donc je compte sur les filles pour être au même niveau !!!)

Il existe d’autres exemples de clubs qui sont parvenus à aligner une équipe masculine et une équipe féminine en D1 de triathlon, mais c’est bien sûr une grande première pour notre région. Mesures-tu le degré de performance atteint ? Te procure-t-il une grande fierté ?

Bien sûr que je suis fier de cette performance, maintenant il faut confirmer cet ensemble sur le plan sportif ! Et je serais d’autant plus fier si nous pouvions pérenniser cela et si nous pouvions être davantage reconnus au travers de certaines institutions qui nous subventionnent Il est dommage que, pour l’une d’entre elles, nos sportifs et sportives « valent » autant en aides que des équipes de sports qui ne sont pas olympiques et qui ne nécessitent pas les heures d’entraînement auxquelles un triathlète de haut niveau s’astreint pour espérer performer.

Suite à la crise sanitaire, des organisateurs ont renoncé, dont Dunkerque. A ce jour, trois étapes seulement sont programmées. C’est donc une saison quelque peu frustrante que vont vivre les Liévinoises. Quels sentiments cette situation t’inspire-t-elle aujourd’hui ?

Cette situation, à l’heure actuelle, ne m’inspire pas confiance du tout (et alors là j’espère vraiment me planter !!!). Je n’y croyais plus, j’y croyais de nouveau et là, au vu des dernières informations sanitaires, le nombre croissant de clusters, le reconfinement de certaines zones dans les pays limitrophes, cela m’inquiète fortement. Mais c’est plus pour nos athlètes que je m’inquiète car s’entraîner comme elles/ils se sont entraînés pour peut-être ne pas avoir la moindre course à se mettre sous la dent, ne pas avoir de visibilité à court, moyen, long terme (JO TOKYO 2021) ça, ça doit être dur à vivre ! Ceci étant, restons positifs !

Maintenant que l’équipe féminine est là où elle devait être, c’est-à-dire au plus haut niveau de championnat national, le nouvel objectif pour ces prochaines années va-t-il assez rapidement devenir le même que pour l’équipe masculine, à savoir la conquête d’un podium, voire d’un titre ?

Concernant les ambitions de cette équipe féminine, l’objectif est de tenter, tester des choses cette saison pour être au mieux les saisons prochaines pour pouvoir envisager de s’installer durablement dans le TOP 5 voire le podium final du GRAND PRIX avec au passage une ou des victoires d’étape !

Il ne reste plus à espérer que l’ambition naissante de l’encadrement pour cette équipe féminine pourra se concrétiser à Châteauroux (22 août), Quiberon (5 septembre) et Les Herbiers (3 octobre). En tout cas, sur le papier, les Liévinoises, qu’elles soient françaises ou européennes, semblent avoir des atouts à faire valoir…

Eric CATTIAUX