J’avais entendu parler de Chamouille. C’est où, ça ? On m’avait dit que le triathlon qui s’y déroule, pourtant encore jeune, faisait le plein et attirait 1200 athlètes. Waouh ! Pourquoi un tel succès ? Pour le savoir, direction le Lac de l’Ailette. Je suis venu. J’ai vu. J’ai été convaincu.
De sublimes parcours
Premier atout de l’épreuve : sa position géographique. Le lac, situé dans la petite commune de Chamouille, à moins de 15 km de Laon dans l’Aisne, est proche à la fois de l’ex Nord – Pas de Calais, de la Champagne et de l’Ile-de-France.
Deuxième atout : le site d’accueil des épreuves. Un grand et beau lac, des activités sportives sur ce plan d’eau et autour, de l’hébergement, des vestiaires/douches, de la restauration, des aires de pique-nique. Un site suffisamment spacieux pour qu’on profite à l’aise du grand air (chaud ce dimanche), mais pas trop, de façon à ce qu’on se sente proches et nombreux à venir se retrouver là, que l’on soit athlète ou spectateur.
Mais le meilleur reste à venir : un parcours vélo rural, souvent boisé, peu fréquenté par les automobilistes et surtout particulièrement vallonné. C’est simple : les portions de plat se comptent en hectomètres alors que les montées et descentes s’enchaînent sur des kilomètres ! Et quand les athlètes en ont fini avec les 39 bornes de montagnes russes et croient que la course à pied va être plus reposante sur une voie verte qui contourne le lac, voilà qu’ils constatent après un premier kilomètre tranquille qu’à nouveau, ça monte et ça descend !
Vous l’aurez compris : pour tous ces triathlètes qui aiment se faire un peu mal et sont avides de parcours nature accidentés, le triathlon M du Chemin des Dames est fait pour eux. Pour ma part, en le découvrant, je pense qu’il offre même les plus beaux parcours que j’ai eu l’occasion de voir à ce jour dans notre grande région. Quant à ceux qui se contentent de distances plus abordables, qu’ils soient rassurés : eux aussi ont droit à une boucle vélo au relief varié et à la course à pied sur ce chemin en aller-retour.
Le S pour démarrer
Le Troyen Sacha Cotard est le premier à sortir du bain matinal en 11’56. Il devance le Noyonnais Vincent Poulet et le Vittelois Corentin Duclos. Quant au Rémois Sylvain Miche, considéré comme favori possible de l’épreuve après s’être classé 5èmeun an plus tôt sur le M, il est 6èmeà 44″. A vélo, Corentin Duclos remonte petit à petit sur le leader et fait la jonction. Il va même insister, prendre 50 mètres, puis 100 mètres. Avant de coincer et de voir Sacha Cotard revenir dans son sillage. Sylvain Miche se rapproche lui aussi pour remonter à la 3èmeplace. Mais, à une cinquantaine de secondes, il ne pourra prétendre à mieux. A la faveur de qui le duel à pied va-t-il tourner ? On pense à Sacha Cotard dans un premier temps, son adversaire prenant plus de temps dans la zone de transition. Mais Corentin Duclos allait se montrer plus véloce et l’emporter finalement avec 27″ d’avance.
Chez les filles, l’issue finale fut beaucoup plus incertaine, les principales protagonistes changeant énormément d’une discipline à l’autre. Ce fut la nageuse laonnoise Chloé Jupin, d’abord, la Reimoise Lily Rogier ensuite, avant que les plus fortes à vélo ne remontent sur la tête, à l’instar de Lucille Gervaise (Verdun), Bérengère Thibault Belet (Epernay) et Marjory Cotard (TOS). C’est la Lorraine qui gagnera la bataille, avec une avance confortable, devant Bérengère et Marjory. Une athlète de Verdun s’impose au Chemin des Dames. D’un point de vue historique, cela se tient…
Une belle partie de manivelles
Après 1,5 km de natation, sans surprise, Antoine Legout (Baie de Somme) est en tête. Plus étonnnante en revanche est l’ampleur de son avance : 30″ sur un autre bon nageur, Emmanuel Renard (Montreuil). Viennent ensuite Simon David (Aquavélopode), David Berthou (Kronos) et William Mennesson (Stade Français). Après que Simon David s’est fait distancer, la bataille allait se circonscrire aux quatre autres hommes cités. A noter que les deux derniers athlètes avaient brillé précédemment : William Mennesson vainqueur en 2017 et David Berthou 2èmeen 2016 et 2017. Antoine Legout, lui, prenait le relai de son frère Pierre vainqueur en 2016. Quant à Emmanuel Renard, il découvrait les lieux. Qu’y-at-il de plus beau qu’un triathlon avec un parcours vallonné de près de 40 km et sans drafting ? Rien, et on peut en être convaincu si l’on a eu la chance (comme moi !) de suivre la tête de course sur une moto. Jugez plutôt. Pendant qu’Antoine Legout continue à profiter sur deux roues de l’avantage acquis dans l’eau, Emmanuel Renard voit revenir sur lui les deux autres protagonistes. Puis William Mennesson accélère, mais le trio se reforme. Pendant que le Stadiste récupère, apparemment difficilement, c’est un peu plus loin David Barthou qui accélère. Il sera lui aussi repris progressivement et aura lui aussi besoin de récupérer de son effort. Puis William Mennesson en remet une dernière, ce qui lui permettra d’entamer la course à pied avec 17″ d’avance sur David Berthou et 36″ sur Emmanuel Renard. Attention : Antoine Legout, bien que roulant en solo, avait réussi à conserver 1′ et était toujours solide leader à T2. Malheureusement pour lui, les choses allaient se gâter à pied. Non pas qu’il sombra dans cet exercice, mais il ne put résister à William Mennesson qui allait donc décrocher ici sa deuxième victoire consécutive. Logique, puisqu’il enregistra les meilleurs temps à vélo et à pied. Antoine Legout hérita donc de la 2èmeplace, et la 3èmemarche du podium fut pour David Berthou. A Emmanuel Renard la médaille en chocolat !
Chez les féminines, on pensait au départ voir devant la Belge Céline Bastien (déjà venue ici précédemment, mais aussi habituée des épreuves de Douai et Fourmies) ou la Noyonnaise Casssandre Pelcef de retour à la compétition. La sociétaire des Sharks de Chimay-Couvin, comme prévu, remonta les filles une à une à vélo. Sauf Cassandre Pelcef, même si, pour elle, cette partie fut un peu plus difficile après une excellente natation qui la propulsa à la 8èmeplace au scratch ! Mais une autre athlète allait briller. Son nom ? Mélanie Cauvin. Son origine ? Elle s’entraîne dans le groupe de Benjamin Pernet et réside à Châlons-en-Champagne. Sa spécialité ? Bien qu’ayant participé à des épreuves Ironman, elle nous avouera après l’arrivée que sa distance de prédilection est le M. Sa qualité principale ? Puissante à vélo, elle s’est régalé sur l’exigeant parcours axonais. Grâce à cette atout essentiel, elle posait le vélo avec un crédit de 2’42 sur Cassandre Pelcef et 3’06 sur Céline Bastien. Un crédit qu’elle augmentait encore légèrement à pied pour l’emporter, tandis que pour la 2èmeplace, la Belge finissait mieux que la Picarde. Même si la course féminine fut un poil moins palpitante dans la mesure où les trois places du podium furent distribuées assez vite, là aussi les changements de place au fil des disciplines donnèrent du relief à la compétition. Pour conclure sur le chapitre féminin, on saluera la fidélité à l’épreuve et la régularité de Céline Bastien : 2èmeen 2016, 1èreen 2017 et 2èmeen 2018. A l’année prochaine !
Eric Cattiaux
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