Le Triathlon Indoor de Liévin a soufflé sa 4ème bougie en grande pompe. L’enfant se porte comme un charme et continue de grandir et d’embellir. Au point d’être devenu aux yeux des instances internationales un exemple à développer ailleurs.
Cassandre…
Depuis son titre olympique à Paris (le premier en triathlon pour la France), Cassandre Beaugrand est partout dans les médias. Un peu à son corps défendant, elle qui est plutôt timorée lorsqu’il s’agit d’apparaître en public et de prendre la parole au micro d’un journaliste. Mais, de même qu’elle a appris à mieux maîtriser la partie vélo qui constituait son seul point faible, elle a gagné en assurance et pleinement goûté à son énorme popularité samedi à Liévin, au contact d’un public, souvent jeune mais pas que, fan de notre numéro 1 nationale.
Et tout s’est parfaitement passé pour elle. Sortant en tête de la natation à chaque stade de la compétition, elle pouvait après une entame rapide à vélo se permettre de ne pas prendre le risque de dépasser des pelotons d’attardées pour ensuite faire parler un talent hors norme à pied qui ne fait plus aucun doute au niveau mondial.
Le contrat rempli, il ne restait plus qu’à faire des centaines de selfies et signer autant d’autographes !
… et les autres Bleus
La coqueluche du triathlon français – qui a pris le relai de Vincent Luis qui avait déclenché le même enthousiasme il y a deux ans – n’est pas la seule à avoir couru sous les hourras d’un public prêt à s’enflammer pour tout exploit d’un(e) athlète tricolore. Ce fut le cas notamment de Sandra Dodet, aidée en cela par sa capacité à remonter des concurrentes ayant posé le vélo avant elle pour entamer une remontada fracassante à pied. Insuffisant pour gagner la finale B, mais quelle ambiance pour sa 2ème place ! Il en alla de même pour Antoine Duval qui fera encore mieux en s’arrachant pour décrocher l’argent sur la finale A masculine.
Hayden Wilde…
Les supporters dans les tribunes n’ayant d’yeux que pour les bleus, l’autre grande star de la soirée Hayden Wilde fut quelque peu relégué au second plan. Et pourtant, celui qui avait été à deux doigts de l’emporter aux JO à Paris et qui fait le bonheur du club liévinois a lui aussi fait le show. Son problème, on le sait, c’est une relative faiblesse en natation qui l’oblige chaque fois à fournir un énorme effort à vélo pour se replacer parmi les candidats à la gagne. En série qualificative, puis en demi-finale, ce scenario ne l’a nullement empêché de passer. Mais en finale, la densité du niveau et l’allure imposée en tête lui ont été fatales. Et malgré une vitesse supérieure à tous ses adversaires sur les deux dernières disciplines, il n’a pu remonter qu’au niveau de la 5ème place.
… et les autres Liévinois
Le Triathlon Club Liévin, club ambitieux qui a accueilli dans son effectif de grands noms ces dernières années, a su motiver ses athlètes à participer à l’événement. Nous avons quand même eu la chance de voir en piste samedi soir les anciens, Hayden Wilde, Yanis Seguin, Chase McQueen, Harry Leleu, Alois Knabl, Sara Guerrero Manso, Alessia Orla et Emma Ducreux et les nouveaux, Jawad Abdelmoula et Sandra Dodet.
Celui qui nous a procuré le plus gros frisson chez les hommes est sans doute l’Anglais Harry Leleu. Dans un finish ahurissant, il a battu l’un des grands spécialistes à pied, le Marocain Jawad Abdelmoula, pour remporter la finale B. Qui l’eût cru ?
L’ambiance
Elle démarra plus tôt que les années précédentes. Car ce qui est nouveau dans le triathlon, c’est que les supporters de l’équipe de France avec leurs drapeaux tricolores et leurs photos d’athlètes brandis à bout de bras n’ont pas été les seuls à mettre l’ambiance lorsque l’heure des courses élites fut venue. En effet, on a vu également de gros contingents de clubs comme Lys Calais, Gravelines, Saint-Omer ou encore Marquise composés de fans remontés comme des pendules, donnant de la voix, banderoles et autres cartons à la main, pour saluer chaque passage d’un des leurs sur les courses open et jeunes programmées dans la matinée.
Les plus heureux un peu plus tard dans la journée furent liévinois et audomarois. Pourquoi ? Parce que ce sont deux des leurs qui ont remporté les courses open. Avec deux points communs : ils ont été dominateurs et sont jeunes. Je veux parler d’Hippolyte Lacroix (19 ans) et Maelis Rolin (16 ans). Grâce à une natation qui les a d’emblée propulsés en tête, les frères Lacroix ont parfaitement joué le coup. C’est d’abord Matisse qui a roulé avec son frère cadet dans sa roue avant que les rôles ne s’inversent. Ensuite, le plus rapide des deux à pied a tout donné pour éviter le retour d’Antoine Viertaix vainqueur en 2024 et toujours aussi redoutable à pied. L’affaire fut moins évidente dans un premier temps pour Maelis qui a dû s’employer pour ne pas trop concéder de temps à des nageuses comme Roxanne Forient et Marion Salelles (Lys Calais). Mais ensuite, elle a clairement démontré malgré son jeune âge qui était la patronne !
Ursa Major
Le triathlon indoor, on le sait bien maintenant, c’est le triathlon spectacle. Le spectacle est évidemment sur la piste avec ces athlètes de niveau mondial qui enquillent les tours à un rythme étourdissant, mais aussi en ouverture de soirée avec d’autres artistes, issus quant à eux du monde de la musique et de la danse. Une nouveauté cette année : Victor, le fils de Laurent Szewczyk, était accompagné de Florian et Alex. A trois, ils forment le groupe Ursa Major, et ils ont pour la première fois joué devant plus de 4 000 personnes, quelques heures après la sortie de leur premier album intitulé Sonder et disponible sur les plateformes de streaming. Quelle expérience ! Souhaitons-leur beaucoup de succès : pray for them !
Le niveau
On a été gâté en termes de plateau d’athlètes. Ne serait-ce qu’avec Cassandre Beaugrand, n° 1 mondiale et médaillée d’or à Paris 2024, et Hayden Wilde, n°1 mondial actuel et médaillé d’argent aux mêmes Jeux. Mais il y avait une réelle densité, avec 7 garçons et 10 filles appartenant au top 50. Il y en aurait même eu respectivement 8 et 11 si Vetle Bergsvik Thorn (vainqueur à Liévin l’an passé) et Emma Lombardi ne s’étaient pas blessés à quelques jours de l’événement. On notera également une forte participation allemande, et le succès a une fois encore été au rendez-vous. Chez les femmes, Nina Eim avait remporté les deux premières éditions, Laura Lindemann la troisième. Chez les hommes, le vainqueur 2025 est Henry Graf, l’homme qui monte à vitesse grand V dans la hiérarchie mondiale.
Vitesse et adresse
Ce qui impressionne évidemment, c’est la vitesse développée par ces athlètes. Et elle est d’autant plus apparente qu’elle se dévoile à quelques mètres des spectateurs. Mais ce qui m’a également marqué, c’est leur dextérité. Aucune chute, que ce soit sur les tours de piste alors que les roues des uns et des autres sont si proches, à la descente de vélo qui s’effectue en équilibriste à une vitesse encore élevée, ou dans l’étroite zone de transition où 12 bonshommes trouvent leur place sans bousculade alors qu’ils ont le mors aux dents. Y’a pas à dire : à ce niveau de compétition, ce ne sont pas que des as de la vitesse, ce sont aussi des funambules !
L’enchaînement parfait
Le rythme des épreuves est à l’instar des courses des athlètes : soutenu, tendu et tenu !
Pas simple pourtant avec pas moins de 54 départs à donner. Et tous en temps et en heure, et même à la minute près. Le tout grâce à une parfaite programmation et coordination entre l’organisateur, les officiels et les animateurs. Cela peut paraître anecdotique, mais ça participe à la réussite de l’événement.
Circuit T1
C’est quoi, la suite ? La Professional Triathletes Organization, en collaboration avec World Triathlon, souhaite développer une compétition indoor ‘T1’ dans plusieurs villes. Liévin, ville pionnière en la matière, et dont le savoir-faire pourrait inspirer d’autres organisateurs en Europe et ailleurs dans le monde, devrait donc logiquement à nouveau organiser en 2026.
Liévin, place forte du triathlon au niveau mondial. Vous ne rêvez pas : Laurent Szewczyk, Laurent Philippe et tout un club l’ont fait !
Eric Cattiaux
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