Gravelines en quelques chiffres et portraits

Traditionnellement, septembre est d’abord marqué par la Triath’elles suivie du Triathlon de Gravelines. Samedi après-midi et dimanche, il y eu du monde au Paarc des Rives de l’Aa et son bassin hors normes : près de 900 pratiquants de tous niveaux et de tous âges. Sous un soleil généreux, particulièrement dimanche.

450/150/250

Vous l’aurez deviné : il ne s’agit pas là d’une distance nouvelle (et complètement saugrenue) proposée en triathlon. Mais de quoi s’agit-il ? Du nombre de participantes à la Triath’elles. 450, c’est le record de participation… avant le Covid. 150, c’est la faible participation… après le Covid. 250, c’est la statistique 2022, et elle est encourageante. Si le virus avait nuit gravement à la santé, il avait aussi nui gravement à la pratique sportive, mais il semblerait que les choses rentrent progressivement dans l’ordre.

Une ambiance bienveillante

Qui dit participation à une compétition dit connaissance et respect des règles de celle-ci. Ah, cette mentalité française qui fait que l’on ne peut s’empêcher de râler en se demandant à quoi elles servent ! Les arbitres officiant sur la Triath’elles ont su faire preuve de pédagogie et de diplomatie pour les expliquer et les faire appliquer, notamment à l’entrée de l’aire de transition lorsqu’il s’agit d’insister auprès des novices pour qu’elles se présentent avec le casque vélo sur la tête jugulaire attachée. Ce détail mis de côté, tout s’est passé dans la bonne humeur, beaucoup de participantes entamant l’épreuve avec le sourire – juste un peu nerveux – et franchissant le portique d’arrivée toujours avec le sourire – large comme ça cette fois –, satisfaites d’avoir mené à bien un défi personnel.

Un public varié

Dans cette compétition on le rappelle exclusivement réservée au sexe féminin, on rencontre deux profils distincts. Il y a celles venues pour ‘faire une place’, qui repèrent avec soin les parcours et qui, premières à se mettre à l’eau le visage fermé et la trifonction collée à la peau, se donnent à fond du début jusqu’à la fin. Elles sont jeunes, voire très jeunes. Un peu à l’image des enfants interrogés par les journalistes le matin de la rentrée scolaire qui déclarent être ‘stressés’, cette génération aurait-elle tendance à déjà se mettre la pression en permanence ? Et puis il y a celles, seniors ou masters, qui sont venues avec un vélo plus ou moins adéquat, devant lequel elles resteront un moment à la transition le temps d’enfiler tranquillement un short, un tee-shirt et une paire de chaussettes, et qui profitent du moment, heureuses de faire partie d’un événement qui leur est dédié et auquel certaines n’avaient même peut-être pas songé participer il y a encore quelques semaines. Avant qu’une amie ou leur fille leur lancent le défi !

Un tableau des extrêmes ? Oui, c’est vrai que le trait a été un peu forcé. Il y a également bon nombre de dames qui ne sont ni compétitrices aux dents longues ni néophytes apeurées qui se sont entraînées, ont nettoyé le vélo de route et mis les belles chaussures de running amortissantes dans le sac. Bref, la Triath’elles est à l’image du Triathlon en général : ‘open’.

Le Triathlon en mode souriant

En solo ou en duo ?

L’autre particularité (et bonne idée) des organisateurs est de proposer de courir seule ou accompagnée. Ainsi, celles qui hésiteraient encore à se lancer dans l’aventure (ce sport impressionne souvent les néophytes) se décident à y aller, rassurées par le fait qu’elles auront un soutien à leur côté. Evidemment, se jeter à l’eau, même si elle était peu profonde et plutôt à bonne température cette année, provoque bien un peu de… stress ! Mais ensuite, à deux en vélo et à pied, ça passe comme une lettre à la poste et, mine de rien, c’est déjà l’arrivée, et on l’a fait. Pas si dur, finalement ! Eh bien tant mieux si un certain nombre se sont prouvées qu’elles pouvaient le faire et si elles ont envie de le refaire : c’est le but !

Une Zoé new look

Le nom de Zoé Réveillon vous dit peut-être quelque chose. D’abord parce que cette triathlète a porté la tenue de Gravelines Triathlon à ses débuts avant de migrer à Metz. Mais aussi parce qu’elle n’est autre que la fille de l’actuel Président de la Ligue des Hauts-de-France. D’ailleurs, elle est revenue dans la région puisque désormais elle étudie à Liévin et a tout naturellement pris sa licence dans le club de la ville.

On ne l’avait pas vue depuis un bon moment, et il y a une bonne raison à cela. Plus que la nouvelle tenue liévinoise, ce qui a frappé les esprits, c’est de la voir déambuler sur le site avec l’aide d’une paire de béquilles puis participer à la Triath’elles avec un handbike pour la partie cycliste et un fauteuil pour la partie pédestre. Explication : après des entorses aux chevilles à répétition, elle s’est fait une entorse en mars 2019. Suite à cela, un pied qui ne pose plus à plat, trois longues années sans sport, reprise de l’entraînement il y a un mois, et reprise de la compétition à Gravelines. Prochaine étape de ce processus le week-end prochain à Saint-Jean-de-Monts pour obtenir et déterminer sa classification en paratriathlon. Autant dire qu’elle en avait ‘plein les bras’ à l’arrivée (un athlète valide sollicite beaucoup les membres supérieurs en natation, un paratriathlète sur les trois disciplines), mais après tout ce temps où elle a été privée de son sport, elle avait le sourire à l’arrivée.

Zoé en plein effort pour lancer un handbike auquel elle doit s’habituer

600/300

Ca, ce sont les chiffres arrondis de participation pour la journée de dimanche, avec près de 600 hommes et femmes sur l’ensemble des épreuves, dont 300 sur la distance M, les autres étant répartis sur le XS et les jeunes.

Petite déception au vu de la start-list et d’un manque de densité. On avait l’impression de connaître les vainqueurs avant le coup de pistolet : Emmanuel Renard (COT), avec ses deux victoires, quatre deuxièmes places et deux troisièmes acquises ici par le passé, par ailleurs trois fois champion régional, et Marie Peytavi (TC Liévin), vainqueur l’an dernier et 3ème en 2020 et championne régionale en titre. A moins que…

Les féminines partirent les premières. C’est une autre Liévinoise, Cassandre Huck, qui sortira du bassin la première. Avant de s’accrocher en vélo puis d’abandonner au début de la course à pied, souffrant d’une hernie discale qui la perturbe depuis un moment déjà. A l’issue du premier tour vélo, on voit apparaître en tête une Belge inconnue chez nous, Evelien Keuppens. Elle prendra au moins deux minutes à tout le monde dans cet exercice, même si Marie, Estelle Coupin (ASPTT Strasbourg) et Cassandre n’ont pas été ridicules. Bon, la Belge est forte à vélo, c’est classique, mais à pied ? Elle prouvera qu’elle n’est pas mal non plus, puisque Marie ne lui reprendra qu’une demi-minute. Le podium, vous l’avez compris, c’est dans l’ordre Evelien Keuppens, Marie Peytavi, Estelle Coupin. A signaler le retour en compétition d’Audrey Branswyck après dix ans d’absence. Celle qui avait été sacrée championne régionale à Gravelines en 2010, après une natation et un vélo effectués assez loin des meilleures, signera de loin le meilleur temps à pied pour se classer 4ème au scratch et 1ère Master. On la reverra, c’est sûr…

Chez les messieurs, pas de vainqueur inattendu, en revanche. D’ailleurs, Emmanuel Renard a fait la course en tête de bout en bout sans jamais être inquiété. Après une natation qui l’a évidemment propulsé seul devant d’entrée de jeu, il fera un vélo solide. Il comptera à la fin du premier tour 3’40 d’avance sur son premier poursuivant avant que les gros rouleurs ne se rapprochent à un peu plus de 2 minutes à T2. Restait à finir le travail à pied, chose qu’il a parfaitement exécutée, pour devancer sur la ligne Tom Duyme (TC Hazebrouck) de 3’44 et Benoît Thirot (Tri GT) de 4’20. Virgile Saint-Omer, plutôt duathlète que triathlète et très jeune par rapport à ses rivaux, fera une bonne natation et une bonne course à pied pour finir satisfait au pied du podium.

Un ‘footeux’ bien connu dans la région

Le noir et le fuchsia lui va (presque) aussi bien que le sang et or

Certains l’avaient peut-être déjà vu sur une épreuve de triathlon (au ChtriMan, notamment), discipline à laquelle il semble prendre goût. Je veux parler de Yoann Lachor, âgé aujourd’hui de 46 ans, qui a fait les beaux jours du Racing Club de Lens jusqu’en 2006 et qui a marqué l’histoire du club en étant celui qui, lors de la dernière journée du Championnat de D1 1998, a inscrit le but qui a donné le titre au club artésien. Pas très à l’aise en natation, il sera mieux par la suite car, bien sûr, il ne manque pas d’endurance et il a gardé la ligne. Contrairement à son titre de champion de France en foot, sa place et son temps à l’arrivée ne resteront pas dans les annales. Il sera d’ailleurs un peu déçu. Mais le plaisir est là pour cet homme attaché depuis toujours à sa région, qui fera un proche déplacement en Belgique dans deux semaines pour participer à l’Ironlakes sur le site des lacs de l’Eau d’Heure. La preuve qu’il est peut-être en train d’être gagné par le virus du triathlon…

Eric Cattiaux

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