TC Liévin : la victoire en ligne de mire

Liévin, avec son équipe masculine bien installée en D1, est devenu un club qui compte dans la hiérarchie nationale. Avec son Président-Manager, Laurent SZEWCZYK, nous faisons le point sur le statut actuel et les ambitions futures qu’il nourrit pour son club de cœur.

5ème à 16,5 points du podium en 2017. A nouveau 5ème, mais à 14 points du podium et avec un premier podium équipe (3èmeà Paris) et individuel (Raoul Shaw 3ème à Valence) en 2018. 3ème avec trois podiums équipe (3ème à Châteauroux, 2ème à Muret, 3ème à La Baule) et deux podiums individuels (Raoul Shaw 3ème à Châteauroux et Alois Knabl 3ème à Quiberon) en 2019. Le club n’a cessé de progresser depuis son titre en D2 en 2016. Est-ce que ce rythme de progression a pleinement satisfait tes ambitions ? Et est-ce que la place sur le podium final constitue l’aboutissement d’un objectif ?

 Oui, bien sûr, même si, au même titre que les filles mais pour des raisons différentes, la saison 2019 peut apparaître comme réussie mais, à mes yeux, elle est aussi un peu frustrante. Car on loupe la deuxième place à Châteauroux pour 1 point face aux Sables Vendée et on laisse la première place pour 2 points à Poissy sur l’étape de Muret. Et que dire de cette finale de dingue à La Baule ? Avec des résultats qui mettent un temps fou à nous officialiser 3ème avec un score d’égalité avec Saint Jean-de-Monts. Après réflexion, tu peux être frustré mais satisfait quand même !

Sens-tu, dans tes discussions avec les coaches et athlètes des clubs de D1, que le TC Liévin est aujourd’hui devenu un club majeur qui compte dans la compétition pour le titre ? Et toi, considères-tu aujourd’hui que Liévin est au même niveau que les tout meilleurs comme Poissy et Saint-Jean-de-Monts ?

Avec humilité, je pense que le TC Liévin s’est fait une place et qu’il est reconnu maintenant dans la sphère nationale du Triathlon mais on se doit de l’être encore plus ! Quant à considérer que nous sommes au même niveau que des clubs comme Poissy ou Saint Jean-de-Monts, il y a encore un peu de boulot mais avec un peu de chance j’aimerais vraiment aller chercher ce titre de Champion de France qui me ravirait à un point ! (même si j’ai un peu peur de l’after avec les loustics de l’équipe masculine !!!)

Pour viser haut en D1, il faut un effectif pléthorique et des garçons de haut niveau international, et tu as réussi à attirer quelques grands noms. Il faut aussi que la mayonnaise prenne. Dirais-tu que toutes tes recrues majeures ont fait preuve d’abnégation et de bonne humeur ?

Bien sûr que pour que la mayonnaise prenne il faut trouver les bons ingrédients et je pense que nous avons vraiment eu de la chance à ce niveau-là ! J’ai eu la chance et l’opportunité de rencontrer des garçons extraordinaires sur bien des plans, que ce soit sur le plan local, national ou international et il faut qu’ils aient ce brin de folie, de joie de vivre, de bonne humeur car, sinon, ce serait difficilement compatible avec ma conception du sport même de haut niveau. Et sur ce point Laurent VIDAL m’avait totalement rassuré et conforté dans ce choix et cette façon de construire et de voir les choses.

La bonne humeur du groupe présent à La Baule en 2019. De g. à dr. : N. ALLIOT, A. KNABL, A. SALVISBERG, B. COPELAND, C. DEKEYSER, R. SHAW, P. PHILIPPE, A. LEGOUT, R. MONTOYA, L. SZEWCZYK

Quelle est ta recette ? Comment fais-tu pour attirer les stars du triathlon mondial dans un club qui, à ce jour, n’a remporté aucun titre et représente les couleurs d’une ville peu connue ?

Comment je fais pour attirer des athlètes de renom ? J’y vais au culot, avec aussi un brin de relationnel, je leur expose ma conception, le groupe, les objectifs, notre philosophie, notre état d’esprit et puis des fois ça marche et des fois non. C’est vrai qu’à ce jour nous n’avons pas remporté de titre ni même d’étape mais j’y crois ! Et ce qui me motive aussi plus que tout, c’est la façon avec laquelle par moments notre région, notre « bassin minier » a été lâchement décrié dans certains reportages TV ou autres. Et pour moi, je ne concevais pas ces dires et ces images et encore moins le fait que l’on puisse réussir ailleurs et pas chez nous ! Qu’avons-nous de moins que Poissy, Saint-Jean, Valence ou Montpellier ? Avec de l’ambition, de l’abnégation, de la persévérance, on peut y arriver et on peut mettre en avant un sport comme le triathlon qui véhicule tant de belles valeurs de sportivité, de combativité, d’effort et de santé dans un territoire qui en a besoin.

Prenons l’exemple du dernier exploit (et sans aucun doute le plus grand à ce jour) en matière de recrutement : la venue cette saison de Javier GOMEZ. Comment cela s’est-il passé ?C’est vrai que certains peuvent se demander ce que Javier GOMEZ vient faire à Liévin. Alors, certaines mauvaises langues diront que ce n’est qu’une histoire d’argent ! Eh bien, ils seraient très surpris ! La première prise de contact s’est faite avec un ami à nous qui était reporter photo sur le triathlon du Bahrein. De là, des échanges ont commencé à se mettre en place, puis on a fini par se contacter en visio et on a finalisé tout ça lors d’une récréation, dans la salle des profs de mon collège, avec ma collègue d’Espagnol. C’était énorme !!!

Bienvenido Javier !

Outre Javier, d’autres nouveaux athlètes défendront-ils les couleurs de Liévin cette année ?

D’autres athlètes ont signé, et pas des moindres : Matthew HAUSER, le champion australien déjà vainqueur de 3 épreuves en coupe du monde, ex-champion du Monde junior et ami de notre Brandon « SONIC » COPELAND qui est l’une des valeurs d’avenir du triathlon mondial ; et un nouvel Anglais, Harry LELEU, 17ème sur les derniers championnats du monde U23.

Est-ce que tous ceux qui étaient déjà au club en 2019 ont resigné, ou certains ont-ils migré vers d’autres horizons ?

Tout l’effectif reste, tout le monde adhère au projet et a vraiment envie d’aller chercher la première place !

Cette saison tronquée en raison de la crise sanitaire est assurément inédite. Le calendrier de fin de saison va se densifier, avec des manches de la World Triathlon Series qui auront lieu en même temps que les 2ème et 3ème étapes du Grand Prix. Notre compétition ne va-t-elle pas trop souffrir de la concurrence ? Cela ne va-t-il va totalement rebattre les cartes ? Comment Liévin sera-t-il impacté ?

Cette saison s’avère particulière et si elle peut avoir lieu, je ferai en sorte de tester des choses, des stratégies, des coups de poker en vue d’une saison pleine et grandiose, je l’espère ! Sur cette année, il est clair que placer une WTS le même week-end que le Grand Prix de Quiberon, ça aura un impact. Et replacer la WTS de Montréal le même week-end que celui de la Finale du Grand Prix et de la Coupe de France, ça aura encore un impact. Mais nous avons un effectif assez dense et complet pour espérer bien pallier cette situation, même si nous ne sommes pas à l’abri de mauvaises surprises également.

Le club n’est pas le seul à avoir progressé. Tu as progressé avec lui. Dans quels domaines ? 

Le club a progressé, c’est certain ; quant à moi, je ne sais pas, c’est aux autres qu’il faut demander cela ! 

Par exemple, tu joues aujourd’hui un rôle de représentant des clubs. Peux-tu nous en parler ?

Le rôle de représentant m’a été attribué par la confiance des autres responsables des clubs de D1. Il consiste à mettre en relation la Fédération, la vie sportive et les clubs du Grand Prix sur des sujets divers et variés liés à cette compétition. Mais j’ai d’autres idées concernant ce rôle et les clubs de D1 en vue des prochaines saisons.

Quelque chose à ajouter ?

Je voudrais juste revenir sur les objectifs des équipes garçons et filles du Triathlon Club Liévin. Pour ma part, nous devons réussir à être champions de France avec les garçons et sur le podium dans les 4 années qui arrivent ! De plus, je souhaiterais vivement accompagner des athlètes du club dans le projet olympique de Paris 2024 ! Alors pourquoi les 4 années à venir, pourquoi Paris 2024 ? Parce qu’en 2024, cela fera 20 ans que je serai au service du club, de ses adhérents, de ses équipes, et je pense qu’il sera temps de passer la main à quelqu’un d’autre. Je l’avais déjà évoqué, mais, cette fois-ci, c’est mûrement réfléchi et ce serait vraiment super de m’arrêter avec un titre de Champion et une qualification olympique !!!

Pour conclure cette présentation très complète (merci Lolo !), nous pourrions présenter l’effectif, comme nous l’avons fait récemment pour les filles. Mais il serait trop long de dresser le palmarès de chacun des garçons qui le composent. Nous vous rappellerons juste quelques noms : Alois KNABL, Andrea SALVISBERG, Richard VARGA, Brandon COPELAND, Matthew HAUSER, David CASTRO ou encore Raphaël MONTOYA et Raoul SHAW chez les Français ; et inviterons les plus curieux d’entre vous à aller découvrir leur biographie complète sur triathlon.org !

Mais attardons-nous sur le cas de l’Espagnol Javier GOMEZ NOYA. Voilà une quinzaine d’années qu’il parcourt le monde et fait partie des tout meilleurs que notre sport ait connus. En résumé : champion du Monde de Triathlon à 5 reprises, ce qui constitue un record (et encore, il faudrait ajouter des titres en 70.3 et X-Terra !) ; champion d’Europe à 4 reprises, un deuxième record ! Sans oublier qu’il a été vice-champion olympique à Londres en 2012. Et je ne me lancerai pas dans la comptabilité de ses victoires et podiums internationaux : j’en oublierai forcément ! Simplement, rappelons à ceux qui le diraient vieillissant qu’il s’est encore classé 3ème de la prestigieuse World Triathlon Series l’an dernier.Avec l’Espagnol, Liévin a tiré le gros lot et, outre les places individuelles que l’on est en droit d’espérer de sa part, nul doute qu’il sera pour le groupe une sacrée locomotive.  Le TGV n° 62800 est prêt à s’élancer, qui pourra l’arrêter ?

L’uniforme du chef de train attend son propriétaire !

Eric CATTIAUX